Sceliphron spirifex

J'ai récupéré un nid de Sceliphron spiriphex collé au lustre de la cuisine, en secouant la petite poterie près de mon oreille, un bourdonnement m'indique qu'il y a du monde au logis.
J'entreprends d'ouvrir une des cellules en creusant un trou à la pointe du couteau.
J'extrais une pupe du nid, l'insecte y est parfaitement visible, tout à fait formé et bien vivant!











La température, l'agitation et la soudaine luminosité précipitent les évènements, l'insecte se débat dans son sarcophage qui cède et se déchire en quelques secondes.
La guêpe s'extirpe si vite que je n'ai guère le temps d'ajuster les réglages de mon appareil photo.













Après une toilette sommaire, la prédatrice est opérationnelle.
Elle semble me défier, agitant ses pinces acérées et pointant l'aiguillon de son abdomen dans ma direction.
Visiblement irritée par ma présence elle décolle en me frôlant le visage, je la suis du regard sur quelques mètres jusqu'au rosier devant la porte.













Encore lui! doit-elle se dire en voyant encore mon gros visage se rapprocher d'elle.
A nouveau elle tente l'intimidation avec ses armes, puis se fige comme si elle entrait dans une intense réflexion.
Soudain l'hyménoptère passe de sa branche à une feuille qu'il se met à dévorer avec ardeur, je crus sur le moment que la guêpe avait décidé de m'ignorer, mais il n'en était rien.


L'emploi du temps.

Si l'araignée choisit de vivre dans nos maisons, c'est qu'elle en apprécie le confort. Discrètement elle plante sa toile dans un coin de mur et... et c'est tout.
Pas de prédateur, pas de vent qui pourrait ruiner son piège à mouches, pas de rosée matinale qui s'accroche à son filet et trahit sa présence, et pour peu que l'araignée s'installe tout près d'une source lumineuse, le garde manger se remplit plus vite que nécessaire.
Très vite face à cette oisiveté et cette opulence, l'araignée s'ennuie prodigieusement. La vacuité soudaine de son emploi du temps est pour elle facteur de stress. Il n'est pas rare dans ses conditions de vie
particulières de voir l'araignée développer une activité parallèle, un loisir, un jeu. Quelque chose qui pourrait ressembler à notre pétanque, avec c'est vrai quelques nuances.

U
ne surface lisse sert de terrain à l'araignée solitaire qui entame sa partie. Le jeu consiste visiblement à jeter en même temps deux boules sur le sol, puis à les ramasser, les relancer un peu plus loin, les ramasser à nouveau et caetera et caetera.
Je dois avouer qu'une fois l'extraordinaire découverte admise, l'euphorie s'émousse assez rapidement face à un jeu qui se révèle
au final assez répétitif.



La spirale et la fourmi

La passiflore s'accroche à la façade la plus ensoleillée de la maison. Elle produit des fleurs magnifiques à la structure extrêmement complexe et de petits fruits oranges ratatinés tout à fait immangeables.
Le plus remarquable chez ce végétal c'est sa capacité à lancer ses serpentins à l'assaut des parois verticales. S'entortillant autour de la moindre saillie, s'insinuant dans la moindre anfractuosité du mur, ils hissent la plante jusqu'au delà des tuiles.
Les spirales n'ayant pas trouvé point d'ancrage pendouillent dans le vide, on pourrait croire qu'elles n'ont pas de d'utilité, qu'elles ont raté leur vie, il n'en est rien...
Leur fonction secondaire la plus connue est sans doute l'assistance aux feuilles qui tombent.
Les malchanceuses récupérées au vol peuvent ainsi finir leur vie de feuille tranquillement,
et s'assécher en famille.














Il y a autre chose que le serpentin peut proposer, quelque chose d'assez difficile à saisir.
Voici les faits:
Je remarque une fourmi (Camponotus vagus )
immobile à l'extrémité d'une spirale de passiflore balancée par un petit souffle d'air.
Elle reste là, oscillant de haut en bas pendant une dizaine de minutes, puis s'en va. Je la suis du regard jusqu'au sol où elle disparait dans l'herbe haute.
Je relève les yeux et à ma grande surprise , au même endroit, une seconde fourmi a pris place, et
se balance doucement. Je note alors que seules la spirale et la fourmi bougent, le reste de la plante est immobile. Ce que j'avais initialement pris pour un petit souffle d'air est en fait un mouvement imprimé par la fourmi.
J'ai observé ici jusqu'à quatre fourmis se succéder, chacune d'elles exécutant la cérémonie avec la même rigueur.
Que signifie ce manège?
Que font-elles?
Est-ce une espèce d'exercice physique, ou une méthode de relaxation?
Le mystère demeure.

La fabrique











Elle aime beaucoup dessiner au crayon, toujours en dessin direct elle noircit des blocs entiers.
La tête, le thorax, l'abdomen, six petites pattes , une paire d'antennes , l'insecte est complet. Le travail est précis, le sujet intarissable.
Trois ou quatre modèles sur la page, autant sur la suivante, sur la table de jardin le petit souffle d'air frais ne la décourage pas.
C'est le manque de lumière qui décide de la fin de la séance de dessin.









Une dernière planche avant la nuit noire, un Dorcus parallelopipedus ! D'abord un crayonnage rapide pour fixer les proportions, puis un dessin plus poussé avec détails anatomiques, quelques ombres, du grain sur l'élytre... mais la fatigue et l'obscurité gagnent du terrain .









Quand je l'ai réveillée, elle était encore accrochée à son crayon, ce n'est pourtant pas du graphite qui couvrait sa feuille.






Notonecte

Assis au bord de la mare, je guette.
Cela fait trois fois qu'au petit matin je trouve accrochée à une pierre la "coquille" vide d'une larve de libellule ayant libéré sa prisonnière.
Jamais je ne vois la scène, le moment où le redoutable dragon volant s'extirpe de son enveloppe d'asticot à pattes.
Au mieux, j'ai réussi à photographier la libellule encore agrippée à son ancien costume, un instant avant qu'elle ne prenne son envol.















Après avoir guetté la scène le matin, et aussi une bonne partie de l'après midi, je me dis que cela doit se passer à la tombée du jour.
Mais... point de larve sortant de l'eau pour se transformer, ce n'est peut-être pas le bon jour, pas la bonne heure, le soleil se couche et rien ne se passe.
J'observe les pierres qui bordent la mare dans l'espoir d'y voir un mouvement, mais maintenant il fait nuit, seul un petit reflet verdâtre scintille à la surface de l'eau.
Une luciole!,
et juste à coté une deuxième!

Et, entre les deux éclairages vivants il y avait bien mieux qu'une naissance de libellule...
Une notonecte à demi immergée faisant onduler les cils de ses pattes antérieures natatoires, effleurant par petites touches la surface de l'eau pour en moduler les reflets fluorescents.
Je me suis penché, au plus près, presque déçu de ne pouvoir entendre l'accompagnement sonore.

Solidarité

L' arachnide est connue pour son altruisme, chaque individu se devant d'accomplir dans sa courte vie une action bénévole...au minimum.
Ce que fait cette petite araignée va bien au delà du simple coup de main.










Je l'ai trouvée là, perchée sur la tête de ce triton à la démarche hésitante, j'ai approché ma main, l'araignée s'est faufilée sous une pierre laissant un triton immobile, comme pétrifié.
Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre que s'il ne bougeait pas, c'est qu'il ne me voyait pas.
Un triton aveugle, je reste interloqué.
J'observe quelques secondes l'animal figé quand l'araignée refait son apparition.
Elle reprend sa place au sommet du crâne du triton, lui met une patte dans l'oeil droit et le triton reprend sa marche tranquille en bifurquant ...à droite.













Stupéfait je regarde l'araignée réaliser une figure complexe sur la tête de son ami.
Il lève alors une patte comme pour me saluer et l'équipage disparait dans la nuit.



Droit au logement.
















C'est comme ça , l'homme vit bien au chaud dans une petite maison douillette, et la grenouille vit totalement nue dans une affreuse mare gelée.
Vu de l'extérieur c'est comme ça, mais en réalité quand on s'approche, on peut affirmer qu'il se passe quelque chose.

L'activité de l'homme réchauffe la planète c'est un fait.
Petit à petit l'habitat des grenouilles s'en trouve modifié, les mares s'assèchent et les batraciens n'ont d'autre choix que celui de partir à la recherche d'un autre point d'eau.

Un tel voyage est très périlleux, les grenouilles sont exposées aux prédateurs et l'absence prolongée d'humidité leur est souvent fatale.

Certaines refusent ce nomadisme forcé, elles improvisent, s'adaptent et développent une stratégie de survie assez inattendue.


Un nouveau mode de communication

Vous connaissez tous les fourmis ces petites créatures à six pattes qui vivent en société et trottent dans nos jardins.
Mais ce que vous ignorez sans doute, c'est que chez elles comme chez les humains, des individus cherchent et explorent de nouvelles façons de communiquer.
Voici la dernière innovation que j'ai pu observer:

La première étape pour la fourmi consiste à se munir d'une gouttelette de rosée de bonne taille. L'entreprise est très délicate et nécessite un apprentissage; certaines fourmis trop maladroites n'y parviennent pas.
Il faut ensuite transporter la précieuse perle vers un lieu approprié , l'extrémité d'une brindille fait souvent l'affaire.
Ainsi perchée avec sa goutte de rosée, la fourmi colle ses antennes contre la sphère, l'oriente et amorce une transmission que chaque individu de la colonie est en mesure de capter.
Il est difficile de dire comment cela fonctionne exactement, mais l'observation montre que lorsqu'une fourmi se met en position avec sa goutte, qu'ils soient proches ou très éloignés, les autres membres de la colonie se figent et tendent leurs antennes comme s'ils captaient de mystérieuses ondes ou de puissantes phéromones.


Ces images peuvent
très efficacement renseigner sur les alentours immédiats de la fourmilière, un danger immédiat auquel il faut faire face ou une simple feuille morte à évacuer.
Elles peuvent aussi provenir d'intrépides exploratrices faisant ainsi découvrir au reste de la colonie des paysages du bout du monde.

Si vous voyez un jour une ou plusieurs fourmis immobiles antennes au vent, approchez vous, observez bien les alentours et peut-être aurez vous la chance de voir ceci:

Quatre fourmis








Tout le monde sait que les fourmis n'ont pas toutes une paire d'ailes accrochée au thorax. Celles qui en sont pourvues ont la chance de pouvoir s'élever dans le ciel à la rencontre de l'âme soeur .

Les autres n'ont que leurs six pattes, et trottent, trottent à la surface de la Terre, parfois même elles se mettent à creuser pour trouver un hypothétique raccourci, du moins c'est ce que l'on croit…

Aux premières lueurs du jour, dans la brume épaisse des bords de Garonne on peut observer, si l'on s'en donne la peine, un singulier petit manège.

Quatre fourmis pas une de plus, sont perchées sur une motte de terre, la plus haute motte de terre surplombant la Garonne à des centimètres à la ronde. C'est la piste de décollage, l' aérodyne est là.

Les fourmis s'affairent. Trois d'entre elles dressent l'akène à aigrette , leur vaisseau qui assure la traversée, elles le maintiennent en position verticale,légèrement incliné vers l'arrière pour contrer la petite brise du matin. La quatrième fourmi est la voyageuse, elle grimpe sur ses congénères, se met aux commandes de l'appareil et, comme on lâche le cuir du lance pierre, les trois assistantes s'écartent . Deux secondes suffisent à notre équipage pour disparaître dans la brume. Comme si ce qui venait de se passer n'était qu'une routine, un vol tout à fait classique, notre trio au sol repart en quête d'un nouveau vaisseau et prépare déjà le prochain : Cadillac/ Cérons la traversée d'un océan.

l'entomophotographe amateur que je suis sait qu'il faut de la patience de l'observation mais surtout beaucoup de chance pour réaliser le cliché qui suit.


Karibu to the blog


Peut-être vais-je enfin pouvoir arrêter d'enfouir ma production photographique quasi quotidienne dans le ventre de mon ordinateur.

Peut-être vais-je enfin arrêter de me dire:”Cette photo là elle me plait bien, je la range là, je la garde” et puis l'oublier parce que..trop bien rangée.

D'ailleurs aujourd'hui je teste mon tout nouvel objectif le Canon 70-200 f/2.8 monté sur mon Canon Eos 40D .

Un roseau (nom de code saucisse) que Merlin déplume au vent.









Luna aime cette neige artificielle 100% naturelle.










Olyana pense,










se pose,










et fait de la magie.












Eliott rejoint le groupe, mais il en manque une c'est Dune, qui reste au chaud .













Je vous présenterai l'intégrale familiale au prochain épisode.